Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Troubles du comportement alimentaire, dépression, trouble de la personnalité limite, etc.
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Laurent MB
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Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Laurent MB »

Bonjour à tous

J'ouvre ce post pour parler de l'impact de la grossesse et de l'après grossesse sur le mental. Plusieurs membres ici vivent ou ont vécu cela, et la majorité des membres féminins sur ce forum auront probablement un jour un enfant; je pense donc que ce post pourrait aider.

La grossesse a un effet important sur l'hormonal (relié aux émotions ressenties), sur le stress, sur le familial et social, et aussi sur un plan psychologique complexe. La dépression post-partum est bien évidement aussi concernée par ce post. Je pense qu'il serait intéressant ici de discuter de ça, et de regrouper ce qui a déjà été dit sur le sujet. Des dizaines de forum en parlent déjà surement (et si vous avez de bons liens n'hésitez pas), mais il me semble intéressant d'en parler ici avec la sensibilité qui vous est propre. Notamment aussi essayer de voir comment faire la différence entre les troubles réels des simples bugs hormonaux (NB du point de vue ressenti, les deux sont présents de toute façon, donc sérieux).

Bref, je ne peux que peu parler de ce sujet, mais je pense que ce sujet pourrait intéresser. Je comprends bien sûr à quel point ce sujet est intime et je comprendrais tout à fait de n'avoir que très peu de réponses, ou des réponses assez impersonnelles; c'est bien sûr votre droit le plus complet.


edit: Ce post concerne a priori plus les femmes, puisqu'elles ont a subir les effets physiques et hormonaux de la grossesse; les effets psychologiques et sociologiques associées a la grossesse sont cependant presents chez les deux sexes, et les hommes sont également invités a repliquer.
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Ysilne
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Ysilne »

Hop, présente. Je croise les doigts pour éviter une deuxieme depression post-natale.
Il semblerait qu'on a plus de risque de dépression post-partum quand on a deja fait une dépression.
Et je pense que la dépression est encore facilitée par la société qui nous impose ses stéréotypes : l'important c'est le bébé, la mere est niée, la santé physique avant tout, etc.

J'essaierai de répondre de maniere plus construite, sur mon vécu, et ce qu'en j'en ai retiré comme théories et actions pour que ca ne se reproduise pas.
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Yamael
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Yamael »

Je pourrais ré-écrire la même chose qu'Ysilne.
Je reviendrai sur mon vécu un peu plus tard, mais avant ça, peut être une remarque. Il pourrait être judicieux d'élargir le sujet à la parentalité, ce qui permettrait de ne pas exclure la gente masculine du forum.
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Laurent MB
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Laurent MB »

La parentalité est un sujet tres interessant mais tres vaste, je prefere donc limiter ici a la grossesse et post grossesse. Tu as raison cependant de dire que les hommes subissent aussi les effets de la grossesse; j'ai donc ajouté une note en ce sens.
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Yamael
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Yamael »

Bon faut vraiment que je prenne le temps de parler de mes expériences. En attendant, pour comprendre les différentes manifestations de la difficulté maternelle dont la DPP, je conseille le très bon site Maman Blues ; http://www.maman-blues.fr/
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Selenite
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Selenite »

Quel vaste sujet !!
Tellement de choses se passent pendant la grossesse ...
La dépression du post-partum est malheureusement courante mais sous-évaluée, la plupart des femmes ayant certainement honte de se sentir mal au moment où "elles devraient être les plus heureuses du monde".

Une de mes amies fait son mémoire de fin d'études sur ce sujet, si ça vous intéresse je pourrai vous communiquer plus tard ses résultats.
Je n'ai pas le temps d'en dire plus à ce sujet ce soir, mais je repasserai plus tard !!
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Laurent MB
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Laurent MB »

Merci de vos réponses. Et Sélénite, si tu as le mémoire de ton amie, et si tu trouves le temps de partager ton expérience professionnelle, ce serait effectivement très intéressant.
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Yamael
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Yamael »

Bon je vais essayer de mettre de l'ordre dans mes pensées, mais je doute fortement d'avoir l'esprit assez clair pour parler objectivement, donc je vais me contenter de mon cas personnel.


ATT récit très personnel :roll:



J'ai deux enfants. Deux grossesses très différentes dans des circonstances différentes. La seconde est trop récente pour avoir du recul et pour arriver à en parler ici. Je me contenterai donc de la première.


M. une grossesse due à un bug de contraception, dans une situation franchement peu évidente : étudiante, totalement dépendante de mes parents, vivant à 500km du père et dans une relation relativement récente. Bref, des bases instables, beaucoup de questionnements.
Heureusement L. a su mettre tout en branle pour stabiliser notre situation : vivre ensemble, dans notre environnement à nous. Il a été très présent et a maintenu une bonne partie des angoisses à distance.
Médicalement une grossesse très facile. Des changements d'humeur que je mettrais essentiellement sur le compte des hormones, des questionnements "normaux", bon, ça a été quoi. Jusqu'à la toute fin où le personnel médical m'a beaucoup culpabilisée ; terme dépassé, on m'a fait comprendre que c'était ma faute. Avec le recul, je me rends compte de l'aberration de ce discours, mais sur le moment, fatigue, hormones, angoisses de la nouveauté, ce fut très destructeur et j'ai passé les derniers jours de ma grossesse à pleurer et m'en vouloir. Alors que finalement je n'ai pas été déclenchée, M. est arrivée naturellement à un bon 6 jours post terme :roll:
J'ai eu un accouchement simple, bien maîtrisé, non traumatisant... MAIS c'est là que ça s'est un peu gâté ; j'ai pas aimé ma fille. Je me suis retrouvée avec une chose étrange dans les bras, qui pleurait, qui gardait les yeux fermé, gesticulait, et rien. Je m'en suis occupée par automatisme et responsabilité, mais sans envie, sans sentiments. Je me suis sentie vide, froide, mécanique. J'ai pleuré un peu au début, puis même plus j'étais trop vide même pour la tristesse, alors elle a disparu en qqs jours (baby blues ?). Le vide est resté, L. a quasiment pris M. en charge tout seul ; câlins, bercements, paroles, chants, mais aussi soins, bains, changes, il s'est chargé de tout (sauf s'il ne pouvait pas, alors je prenais le relais). Là, je pense que ce fut la DPP. J'ai donné le change, joué le jeu des sourires et des politesses, même si rien ne me blessait plus que d'entendre L. dire à M. "Papa et Maman t'aiment très fort", parce que pour moi c'était un mensonge, je ne l'aimais pas. Mais bon ça se dit pas, alors... Je me suis sentie de trop dans leur relation, je me suis effacée, j'ai songé à de nombreuses reprises à disparaître pour les laisser à leur bonheur dans lequel je n'avais pas ma place. Je l'ai jamais fait pour des raisons pragmatiques.
Il m'a fallu presque 9 mois pour freiner la descente et amorcer une remontée. Et 11 mois pour avoir un électrochoc (le poids affiché par la balance et ma rencontre avec un miroir - j'avais énormément maigri sans m'en apercevoir). J'ai donc du apprendre à me considérer comme partie intégrante de la cellule familiale.

Les conséquences : je pense que ça a considérablement affecté ma relation à ma fille. Bien sûr il y a un net progrès depuis l'an dernier (l'électrochoc), mais elle a mis longtemps à me parler alors qu'elle parlait avec tout le monde y compris les inconnus, le mot "Maman" est venu très tardivement (bien après une grosse partie de son premier vocabulaire), et surtout elle ne me considère pas comme un élément rassurant ; si elle est triste, angoissée ou si elle a mal, c'est L. qu'elle réclame ou, à défaut, ma mère. Je travaille à rétablir/créer cette relation avec elle, mais je dois dire que l'entendre appeler L. pendant des heures quand j'essaie de la consoler, et qu'en 3 minutes avec lui c'est plié, c'est dur, très dur :|
Enfin, on va bien finir par y arriver, hein.

J'en garde aussi une grosse rancœur envers ceux qui m'ont laissé m'enfoncer sans rien voir. Personnel médical, famille, et relation éloignée. Parce qu'au delà de l'aveuglement général (il est effrayant de voir comme on arrive à tromper tout le monde lorsqu'on est en dépression, et c'est vrai aussi pour la DPP), le mensonge social du bonheur obligatoire véhiculé par tous a été autant de coups portés, de raisons de culpabiliser et de rester dans le silence.




Je devrais encore parler de l'impact social et rapport à la féminité/sexualité mais pas maintenant.
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Yamael
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Yamael »

Juste un dernier ajout. Tu poses la question de faire la différence entre bug hormonal et psy. Je suis pas sûre qu'on le puisse. L'hormonal amplifie le psy, mais l'un et l'autre sont imbriqués. Le danger serait de tout mettre sur le compte des hormones et donc de se contenter d'un "le temps arrangera les choses". Certes le temps aide, mais se traîner un malêtre pendant des mois/des années alors qu'un coup de pouce médical/psy aurait peut être pu le réduire, c'est dommage.
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Ysilne
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Ysilne »

L'hormonal, le psy... et la fatigue. Je n'arive pas à l'inclure dans les 2 autres causes, alors je la mets comme une 3eme.
La fatigue, ca empeche de lutter, de se relever, tout devient insurmontable.
Au point que je me demande si les insomnies sont une conséquence de la dépression, ou une cause.

Ton récit est touchant. On sent que tu as beaucoup réfléchit et changé pendant ces années.
C'est rare aussi que tu t'ouvres ainsi à nous. Merci pour la confiance que ca requiert.
J'espere que ta deuxieme grossesse a pu (ou pourra) réparer un peu. J'aime pas trop ecrire ça, ça fait un peu remplacement. :? Mais pour moi ça a aidé sur quelques aspects. Surtout la confiance en moi et en ma capacité à aimer, et à imposer mes choix de vie. C'est encore trop récent pour en tirer un bilan aussi.
Je continue à vouloir écrire un peu plus dans ce sujet, mais je crois que le moment est mal choisi pour moi.

Aussi, il me semble important que tu saches que M peut reclamer son père et pas toi pour des milliers de raisons. Beaucoup d'enfants reclament au contraire le parent le plus absent : l'autre est toujours là, donc il ne manque pas et n'apporte rien, c'est une base rassurante, il n'y a pas de besoin spécifique vis-à-vis d'un parent toujours disponible.
Mon fils ainé réclame aussi son père, par période. Et je ne sais pas pourquoi. Ca peut etre super blessant, quand il pleure et que je veux le consoler, qu'il me repousse en criant "non, pas toi !" pendant longtemps avant que son père le prenne dans les bras et que les pleurs cessent instantanément. :|
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Yamael »

Insomnies et dépression s'alimentent mutuellement, je dirais.

Bizarrement, j'ai pas tellement le souvenir d'avoir été si fatiguée après M. Je l'ai certainement été, mais ça ne m'a pas paru insurmontable, ou je ne m'en souviens pas. Peut être parce que ça on me l'accordait. Etre fatiguée, j'en avais le droit. Etre malheureuse/indifférente envers ma fille, non. Donc tout ce qui n'allait pas était balayé par un "c'est la fatigue", comme si c'était le seul point négatif qui pouvait survenir après une naissance.
Du coup la partie fatigue a été moins dure à assumer, m'a moins marquée.
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Laurent MB
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Laurent MB »

Comme Ysilne, merci d'avoir partagé ça avec nous.
Et comme Ysilne aussi, avoir un parent "favori" n'a je pense rien d'anormal (c'est souvent la mère mais qu'importe).

Finalement, c'est très personnel et biaisé car je n'ai pas eu d'enfants, mais je pense que dans l'absolu un bébé à la naissance n'a rien de particulièrement "aimable"... Donc que tu ne l'"aimes" pas ne me parait pas fou. L'amour n'est pas une affaire de sang mais de partage et d'expériences communes (pas une affaire de tétage de lait). Et de meme à mon sens, son amour ou non pour toi à cette âge n'a pas de "sens" profond.
Bref, je sais que je maventure sur un terrain qui n'est pas le mien, et je m'exprime mal..
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Re: Grossesse, accouchement, et dépression post-partum

Message par Ysilne »

Avant de penser aux conséquences de la grossesse elle-meme, je trouve qu'il y a des impacts de l'AM (et des troubles associés) sur la grossesse :
Une plus grande fragilité, tout d'abord. Je crois que les études montre qu'on a plus de chance de faire une dépression du post-partum si on a déjà fait une dépression.
Pour ma part, je souffre aussi d'une beaucoup plus grande "peur" du médical. J'ai l'aprehension qu'on ne me respecte pas, des hospitalisations ou soins sans consentement, des actes non expliqués, et surtout : j'ai peur du non-respect. En tant que "patient psy", j'etais mal traitée : j'etais là par choix (selon eux), je leur rajoutais volontairement du travail, etc. J'ai deja eu des blesures non suturées alors qu'elles auraient du l'etre : puisque je me l'etais fait volontairement... Et j'ai trop souvent rencontré des gens à qui on avait refusé l'anesthésie, puisqu'ils "aiment souffrir". :-(
A ça, on peut ajouter que je tiens maintenant énormément à mon intégrité physique. J'ai cessé de me blesser, ce n'est pas pour autoriser qui que ce soit à me le faire. D'où une peur panique de l'épisiotomie, et un très mauvais vécu des visites gynéco et leurs protocoles imposés.

Ensuite, il y a les impacts physiologiques de la grossesse et de l'après.
La fatigue, c'est évident. Les horomes, le babyblues.

Les impacts plus sociologiques :
l'impression de devenir un objet, d'etre dépersonnalisée, d'être publique. Tout le monde regarde sans gène la femme enceinte. La marchande de poisson qui se permet de te dire que vu la forme du ventre ce sera un garçon, la collègue qui te lance un joyeux "Alors, ça pousse ?" en te collant la main au ventre, la mamie inconnue croisée dans la rue qui veut savoir c'est pour quand, les 20 personnes qui viennent te demander le sexe et/ou le prénom, la caissière qui t'engueule presque de ne pas etre passée à la caisse prioritaire alors que ça va et qu'il y a peu de monde, le collègue qui t'engueule pour avoir pris les escaliers et pas l'ascenseur pour un étage, et l'inconnue de la pharmacie qui insiste pour te porter tes achats jusqu'à ta voiture vu ton "état".
J'aime déjà pas trop les interactions sociales, ben enceinte on a pas le choix. C'est fou le nombre de femmes qui sont venues me raconter leur accouchement, me donner des conseils non demandés, me raconter les horreurs dont elles ont entendu parler autour d'elles (fausses-couches- IMG, morts-nés, hémorragies...)... Et m'imposer leur vécu comme étant forcément le mien : "tu verras, la péridurale, tu la demanderas !", et autres "quand ton bébé est sur toi, c'est le bonheur parfait !".
On pourrait penser trouver du soutien venant du personnel médical. Mais c'est comme partout, il y a ceux qui sont humains, et ceux qui ont leurs idées reçues, ou pire : un professionnalisme qui envahi et masque tout le reste. Alors les nausées, c'est pas grave. Et si ça me gène, moi ? Ben non, médicalement c'est pas grave tant que t'es pas déshydratée, et c'est tout. "J'ai peur de..." -> "il n'y a pas de raisons". Merci pour le soutien... "Et si je fais une dépression... ?" -> "je note sur votre dossier de faire passer la psychologue de la maternité 2 jours après l'accouchement" (jamais vue d'ailleurs...).
Les examens médicaux, l'horreur pour moi : "déshabillez vous, mettez vous là, pesez vous". Pourquoi ? Et si je veux pas ? Et si je ne supporte pas de lire mon poids, de le connaitre meme pour cause de tca ? Et si l'examen me rappelle un abus sexuel ? Et si simplement je suis pudique ?
Et pour la chosification, si on se dit qu'au moins ce sera finit quand le bébé sera là : non. Là, on n'existe plus. Pfiou, disparue la maman, cachée derriere le bébé mignon, qui fait qu'on vous arrete encore plus dans tous les lieux publics. :|
Et puisqu'une grossesse c'est publique, on ne compte plus les remarques sur votre vie. "Pas trop déçus d'avoir un garcon/une fille ?", "Oh non, ce prenom...", "Vous allez moins vous occuper du premier".


Et il reste le rôle de la famille et des proches.
Déjà il faut soi-meme trouver ses marques et s'adapter à son nouveau rôle de parent.
Et par dessus, les parents deviennent grands-parents, et je crois bien que rares sont les familles où on peut discuter avant de la place de chacun, et trouver une entente. Et meme si on la trouve, il faut pouvoir changer, parce qu'il est dur de savoir ce qu'on voudra avant de le vivre.
La société nous impose les visites. La famille, surtout, mais aussi les amis et les proches. Personne ne se soucie vraiment, à mon avis, de ce que veulent les jeunes parents. Là aussi, ca ajoute à la fatigue. Des parents, et du bébé, donc des parents à nouveaux.
Au milieu de tout ce bouleversement, les gens, surtout s'ils sont proches (et plus ils le sont - je pense aux grands-parents), veulent porter le bébé. Le tenir, eux. Et dans notre société c'est normal. Et parfois, une mère qui ne veut juste pas voir un nouveau-né passer de bras en bras pendant des heures, et subir ensuite les cris du bébé perturbé par toutes ces odeurs inconnues la nuit qui suit, se voit juger "surprotectrice".
Ensuite, ce ne sera pas le probleme de qui le porte, mais de qui le garde. Il se trouve que de nombreux grands-parents ont le besoin/l'envie de pouponner, mais aussi de voir le petit sans ses parents.
Si avec tout ça il n'y a pas de conflit, je crois que la communication est excellente avec la famille et la belle-famille.
Ah, aussi : la mère est fatiguée ? Ca va passer. Et puis, tant que l'enfant va bien ! Ou pire : ah, bah alors il faut nous le laisser pour se reposer ! Ce décalage de l'attention, totalement centrée sur le petit, au point d'en oublier le reste me gène énormément. De la part des parents, je le conçois, venant des autres, non (quand vraiment c'est extrème bien sûr, je ne trouverais pas non plus normal d'ignorer un bébé).


Et pour finir, le merveilleux monde du travail.
Om on a beau dire, l'égalité, c'est pas pour demain. Et la discrimination, c'est au quotidien (ou pas loin).
Tu n'es "plus mobile" (ah ?), plus disponible, tu "fais passer ta famille avant le travail"...

(et je ne fais qu'évoquer mon vécu, je suis restée volontairement assez générique pour l'instant)
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
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